Voilà, je rejoins la "blogosphère". Moi qui pourtant...
Je ne tiens pas particulièrement à exposer ma vie mais vu les circonstances (j'y arrive bientôt) je me suis dit que cette chronique pourrait bien faire office de thérapie. Le divan de la toile m'a eu l'air confortable: s'y dévoiler sans se montrer et imaginer que quelque part, quelqu'un vous lise avec la distance de celui-celle qu'on ne rencontrera pas.
Je me suis réveillée ce matin dans la peau d'une Juliet Randall, l'une des fleurs séchées du bouquet d'Arlington Park. De ce roman de Rachel Cusk, je n'ai gardé qu'une impression de claustrophobie. Imaginez un peu...Alors j'ai repensé au dîner que j'avais organisé la veille. La soirée pourtant a été particulièrement agréable et j'ai été enchantée de retrouver des amis, perdus de vue, du collège et d'ailleurs. Mais à la question, "Et toi tu fais quoi dans la vie maintenant?", la oh-que-trop familière bouffée d'angoisse m'a vidé le coeur. Ma non-réalisation professionnelle me gêne tellement que plusieurs fois déjà je me suis surprise à mentir, histoire de retoucher un portrait qui ne me ressemble pas.
C'est vrai, je me déçois et cruellement. Qu'est-il arrivé à la première de la classe, curieuse de tout, enjouée, enthousiaste et promise à un avenir un peu plus brillant que celui de ses camarades? Après mon baccalauréat mention très bien, j'ai suivi un parcours académique remarquable. Et puis après? Et bien pas grand chose. Je travaille depuis bientôt six ans, j'en suis à mon quatrième employeur, en ces temps de crise beaucoup m'envieraient. Oui mais, je n'ai rien accompli. Quand S. me parle de ses projets, de la revue qu'il a créée et C. des documentaires qu'elle réalise, sous l'admiration pointe la frustration. Je ne pense pas être jalouse...juste un peu envieuse...
Ne vous méprenez pas, ce vide professionnel n'est pas toute ma vie mais j'ai simplement peur qu'il le devienne.
Parce ce que j'en ressens le besoin, ce blog sera donc le journal de bord de ma reconversion reconstruction professionnelle.
Parce que, sur certains points, il ne faut jamais s'en remettre au hasard de la louche...